La vache. Ca devait faire au moins 5 ans que j'avais pas écouté cet album, convaincu que j'étais (et suis toujours) de son effet néfaste sur mon moral (effet confirmé d'aiileurs). Je n'ai jamais été un énorme fan de Marilyn Manson, pour des raisons que je ne saisis pas bien moi-même, tant le personnage a toute ma sympathie, par rapport à, au hasard, les Jonas Brothers). Disons que j'aime bien, mais n'écoute jamais ses albums directement à leur sortie, et, pour être honnête, à part peut-être les singles, aucun de ses albums d'après "Holy Wood" n'a du dépasser les 5 écoutes de par chez moi.
Pourtant, je réussis à avoir un vague souvenir d'une époque où "Mechanical Animals" a tourné plus qu'à son tour dans ma piaule (avec, évidement, des chœurs additionnels des parents reprenant "Mais baisse ta musique de dégénéré s'il te plaît"). Après une introduction au monde Mansonien via le live de la tournée ayant suivi la sortie de cet album, je m'étais, à l'époque, penché sur ce"Mechanical Animals" car il contenait le titre le plus populaire de MM en ce temps, "Rock is Dead" (oui, le plus connu, enfin celui connu de tous, c'est la reprise de "Sweet Dreams", mais à cette époque là, parmi les gens que je fréquentais, non), merci Matrix*
Mechanical Animals, donc. L'album dit "glam" de Manson, second pan de la trilogie Antichrist / Mechanical / Hollywood. Et comme souvent dans les trilogies, c'est le second tome qui est le meilleur**
Le meilleur, car le plus humain. Manson se lance pour cet album dans une relecture à sa sauce du "mythe" de Ziggy Stradust (constituant ici avec son groupe "Omega and the Mechanical Animals"), et laisse plus grande part à sa part sentimentale.*** La simple écoute de "Great Big White World", ouvrant l'album, peut surprendre quand on est habitué aux cavalcades martiales de "Antichrist Superstar". Même si la musique est toujours aussi fortement influencé par le hard rock, le métal, et l'indus (l'album précédent ayant été, rappelons –le si besoin, produit par Trent Reznor (leader, rappelons-le si besoin, de Nine Inch Nails (groupe qui, si vous avez besoin qu'on vous rappelle cela, vous feriez peut-être mieux de passer votre chemin direct parce qu'on est sacrément mal barrés, a pour ainsi dire inventé l'indus.))), il est surprenant de voir à quel point ces morceaux ont une teneur… sacrément, non, pas pop, quand même pas, mais bel et bien mélodique. L'ami Brian chante au lieu d'éructer, et sur le refrain entre autres, c'est même sacrément joli.
Mais méfions-nous, c'est là qu'est l'entourloupe. Ce n'est pas parce que cet album est doux à l'oreille la plupart du temps que c'est une sinécure. Entre les boucles new-waviennes qui tapissent chacun des morceaux, le chant de Brian Warner, qui se lamente plus qu'il ne chantonne, il y a là – dedans autant de choses plombantes, glauques et malsaines qu'il faut redouter. Car si danger il y a dans cet album, c'est bel et bien son côté… vénéneux.
Si la musique s'est lissée en apparence, c'est pour y gagner en vice, en malsain. Ne rebuter personne au départ pour en saisir plus dans un filet englué et suffocant. Suffisamment agréable pour qu'on y revienne, mais suffisamment dérangeant pour qu'on ne s'y sente jamais vraiment bien. Où comment cet album finit par devenir une parfaite incarnation de son propos, à savoir (c'est quand même le gros du propos), l'addiction aux drogues dures. (The Dope Show, The Speed of Pain, Coma White, ou encore Dissociative, narration d'un bad trip qui vire presque à la Near Death Experience, et, peut-être – bizarrement quoiqu'il en soit- un des morceaux les plus émouvants du Révérend.****). Un tour de maître qu'il ne parviendra jamais à rééditer, trop occupé à se marier avec de pulpeuses brunettes et à diriger un des groupes au line-up les plus mouvants qu'on ait jamais rencontrés.
Et le fait est que, presque 10 ans après l'avoir découvert, et même si les circonstances ont changé depuis l'époque ou je l'écoutais seul, enfermé dans ma chambre en me disant que le glauque c'est trop cool… Je n'arrive toujours pas à écouter cet album sans me traîner une boule désagréable dans le ventre, une sensation de malaise, limit de nausée… Capable de virer au début de crise d'angoisse au milieu de "Last Day on Earth".
Et ça a beau ne pas être agréable, c'est peut-être là la marque des grands.
Reste que si vous ne supportez pas Manson par a priori, ce qui pourrait être tout à fait compréhensible, tant la majorité des fans hardcore du Révérend que j'ai eu l'occasion de croiser… ne donnent aucune envie de découvrir plus avant leur idole, repenchez-vous sur cet album, non sans oublier d'aller faire des emplettes de Lexomyl auparavant, tant le voyage, même fascinant, est dur.
Allez, posez un premier pied dans ce monde malsain mais si délicat au goût:
* On n'insistera jamais assez sur l'importance symbolique de ce film pour les gens qui auront eu dans les 15 ans vers l'an 2000. C'est, pour beaucoup, le premier film possédé en DVD et/ou en DivX, et sa B.O. un grand succès dans les graveurs naissants qui servit porte d'intro, entre autres, à RATM, et à toute une catégorie de musique type métal / indus.
** Matrix, cependant, fait exception à cette règle, tiens.
*** Il est à noter que si l'on s'intéresse uniquement au concept de chacun des trois albums de cette trilogie, chacun reprend, un peu à sa manière, un concept album réalisé par un autre de par le passé. Mechanical Animals serait Ziggy, oui, et à côté de cela, Antichrist Superstar serait la relecture de The Wall, Holy Wood, celle de Downward Spiral. (Cette façon de voir, qui ne prend en compte les concepts mansonniens que de façon très superficielle, n'engage que moi, cela va sans dire.)
**** Marilyn Manson, fait. Brian Warner, fait. Révérend, fait. Désolé, là je suis à court, je vais devoir me répéter. Excusez-m'en par avance.