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Songs for the Deaf

La moitié de l'ancienne playlist, liée au contenu de ce blog, ayant été engloutie dans les entrailles de Deezer, vous trouverez ici "seulement" quelques titres épars que j'aime, avec des variations aléatoires representatives de mon humeur.

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De toutes façons personne écoute jamais les playlists sur les blogs, alors...

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Here, There And Everywhere

28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 13:00

Il est toujours difficile de s’attaquer à un monument. A un album Culte. A un groupe culte. A un groupe dont l’œuvre est riche, même si elle est peu imposante en quantité. 4 albums, un mini-album, de quoi remplir un CD de faces B et une démo mystérieuse, finalement rééditée, la purple tape. Surtout qu’on parle ici d’albums cultes. Pas de classic – album. Les Pixies donc. Doolittle en plus. Tendu. Eviter de sombrer dans le lieu commun. S’excuser par avance d’une critique qui n’en est pas une mais qui pourra forcément être mise en doute.

 

Eviter de détailler les chansons, d’y chercher des références. Eviter de parler technique, production, arrangement. Car tout cela ne tiens pas quand on parle des Pixies. Eviter de se cantonner aux banalités d’usage quand à la hargne, la rage, la force des morceaux.

 

Ah ça oui, on ne peut pas dire le contraire. Il y a une puissance dans cet album qui fait cruellement défaut à la plupart des productions des années 80. Ah oui. Il y a des textes profonds, blindés de références. Il y a de la folie. Des rythmiques démentielles. Des cris de gorets. Mais tout cela ne peut pas se livrer à la dissection et à l’interprétation qu’on a l’habitude de faire d’un disque.

 

pixies-doolittle.jpgDoolittle, et son singe mathématicien de la pochette. Son CD noir, d’une laideur infinie comparée à la richesse du monde graphique entourant ce groupe. 4 AD, LE label indé américain des années 80. Boston. Les Pixies. Je m’emmêle, je veux parler de cet album, mais c’est si difficile. Je vais devoir vous faire un aveu : je me sens minable devant Basile Farkas. Ca fait bizarre, même si j’ai beaucoup de respect pour lui.

 
 
 

Débarrassons nous de suite des lieux communs. Oui, les Pixies sont les sauveurs du Rock US des années 80. Avec Sonic Youth, mais Sonic Youth est un peu plus dur d’accès. Surtout dans les années 80. Oui ce groupe a une histoire complètement dingue : recrutement de la bassiste par petite annonce : « Recherche bassiste aimat Husker Dü et Peter, Paul & Mary ». Une réponse, une seule, celle de Kim Deal*. Le batteur accepté parce que ses parents avaient un garage dans lequel le groupe pouvait répéter. La séparation par annonce à la radio, puis envoi d’un fax au membre du groupe. Tout ceci aussi a contribué à ériger les Pixies en groupe culte.

 

L’imagerie. Ces photos un peu barrées, ce gout du sépia . Ca aussi ca a contribué au mythe. Les querelles intestines. Les délires mystiques. Les Pixies étaient fait pour être cultes. Pas classiques. Cultes. Ce groupe que chacun connait et adore, sauf qu’avant, il faut creuser. Même si on ne le retrouve jamais très loin, il faut chercher un peu.

 
 
 

Doolittle occupe une place particulière dans la discographie des Pixies. Si on prend les choses comme à l’époque, c'est-à-dire en séparant Surfer Rosa et Come on Pilgrim, on a la le troisième album d’une carrière qui en compte cinq. La Coupe de Feu pixienne. Le pilier central. La musique des précedents produite comme celle des suivants. Mais aussi le dernier volet de la trilogie Come on Pligrim / Surfer Rosa / Doolittle qui a elle seule justifie le génie des lutins de Boston. Une apogée.

 

On peut en fait distinguer deux grosses lignes directrices (du point de vue des paroles) dans l’œuvre des Pixies. Au début, les délires bibliques : Nimrod’s Son, Dead, I’ve been tired, Gouge Away font référence, au moins le temps d’un vers à un épisode de l’Ancien Testament. A la fin, c’est l’espace qui fait rêver Franck Black Francis : Motorway to Roswell, Velouria, Bird Dream on the Olympus Mont, et même en moindre mesure Alec Eiffel (Pioneer of aerodynamics).

 
                 pixies.jpg
Alors je sais pas: on trouve assez peu de photos des Pixies sur le net mais dans l'ensemble je trouve qu'elles ont toutes une classe absolue....                                                                                                                                                        
 

A la fois pilier, et tome de conclusion, Doolittle est à mon sens l’album le plus abouti des Pixies. Il a la hargne des premiers et le sens mélodique des derniers. Les délires des premiers, la production des derniers. Kim Deal y est présente, comme sur les premiers, aux cœurs et à la composition. Mais Franck Black occupe pas mal la place, comme dans les derniers. Même le monde graphique entourant le disque est à mi chemin : pochette couleur, comme pour les derniers, pour un livret sépia, comme pour les premiers…  Bref, tous les ingrédients qui font que les Pixies forment le plus grand groupe engendré dans les années 80 sont là, et à leur meilleur niveau.

 

liveus.jpgSur I bleed, l’entrecroisement des voix de Black et Deal (non ce n’est pas une marque d’équipent electroménager) fait dresser les poils du dos. Tout comme, finalement, les cris porcins de ce meme Frank sur Taaaaaaaame. Il est en fait strictement impossible qu’un homme normalement constitué puisse hurler de la sorte. Mais on a aussi des ballades comme La la love you, ou même une sorte de semi Rockabilly avec Here comes your man... Cet album est à la fois super cohérent et part dans tous les sens: bref, il échappe à toute tentative de définition. Doolittle est Doolittle, c'est tout.

 

L’utilisation de la « formule Pixies » couplet lent / refrain speed qui a tant inspiré ses successeurs (meme si, en fait, personne ne peut se targuer d’avoir succédé aux Pixies, mais c’est cette formule qu’on retrouve dans le Lithium  de Nirvana par exemple) est ici au top, et les Pixies jouent de ça, l’inversant pour l’entêtant Gouge Away par exemple. Ils s’offrent une "coda hypnotique" (c'est l'expression consacrée) pour N° 13… dans un état surement second, mais je ne peux pas le prouver. (Rappelons l’origine du nom de ce titre au passage : M est la 13ème  lettre de l’alphabet, ce chiffre est donc  là pour désigner la « sweet leaf ». Merde, J’ai rompu le commandement quant au détaillage des chansons.) 

 

Les paroles ne veulent rien dire. Parce qu’elles sont bourrées de clins d’œil. C’est quand même super ironique de parler de ca par rapport à Debaser. Les amateurs de Bunuel (ou des Pixies, ou des deux) comprendront.

 

Ce disque est beau, violent, rageur. Cohérent, sombre, tendu. Mélodique, bordélique, graphique. Encore une B.O. idéale pour un film complètement barré. Quand Franck Black chante, des fois, on dirait le bébé d’Eraserhead. Les amateurs de Lynch comprendront. Les Pixies ont un monde à eux. A chacun de faire l’effort de s’y plonger. Il est toujours difficile, non pas de décrire, mais de faire ressentir la force des entrelacs de guitares de Black et Santiago. La puissance avec laquelle la basse de Kim Deal va aller fouiller dans vos entrailles pour vous remuer les sangs.

pixies2-copie-1.jpg

 
 
 

Mais pour vous convaincre de vous pencher sur ce disque (même si je pense que nombre d’entre vous le connaissent autant par cœur que moi…), je n’ai qu’une chose à dire : Ce disque, je l’ai acheté, prêté, perdu, racheté. 3 fois **. Heureusement qu’il est en promo perpétuelle depuis la reformation du groupe.

 

C’est un des disques qui font que je continue toujours à chercher au hasard des influences des groupes que j’aime. Je l’ai acheté parce qu’on m’avait dit que ce groupe avait influencé je sais plus qui (pas Nirvana, un autre groupe) et l’avais acheté comme ça sur un coup de tête. On est pas sérieux quand on a 17 ans. Et c’est pas les 30 premières secondes, l’intro de Debaser, cette montée/explosion qui va vous faire penser le contraire. Et au final… Quad ce morceau s’achève, vous savez que vous venez d’entrer dans un voyage qui ne vous laissera pas indemne. Et c’est tant mieux, parce qu’il faut se rappeler qu’on a eu un jour 17 ans, et que c’était pas si mal que ça.

 
 
 

Ce disque est là pour réveiller l’ado nerveux et teigneux qui reste au fond de nous… même quand on est devenu un vieux con de 20 ans.


Et finalement... quoi de mieux que de se refaire un petit coup de Debaser pour se passer les nerfs?


 
 
 

* Remarque : dans le R n F du mois dernier, il y en a qui voulaient monter un groupe influences Pink Floyd et Pixies. Comme quoi.

 

** Remarque 2 : Ne prêtez jamais un truc qui a de l’importance à vos yeux à votre dulciné(e) quand ça sent la rupture. J'y ai perdu Doolittle un best of de Led Zep (gravé OK, mais à l'époque...) et j'en passe.

 
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commentaires

A
le début de Parkinson?c'est un album inédit?;oD
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G
arbobo, mon conseil serait que tu consultes... C'est le début de Parkinson que tu décris là...
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A
oh bordel ce disque comment il nous a débouché les oreilles à l'émeri !j'en ai encore une otite rien que d'y penser tellement ça m'a collé une baffe :-)J'ai découvert les Pixies à la sortie de ce disque, par le maxi de Here comes your man, j'en ai encore les gencives qui tremblent !banzaï ^^
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G
Ned --> Tout a fait d'accord avec toi, qu'on les ai pas ecoutés depuis 2 jours ou 2 ans, qu'on les connaisse par coeur ou pas, les Pixies font toujours le meme choc!!klak --> Attends, Franck Black se reconnait... Si c'est des photos récentes, c'est le seul, ok, mais quand meme...pas perdus --> Un album contenant des trucs aussi diiférents que herre comes your man, moionkey, debaser ou lal la love you... Ah ca oui c'est un album abouti!!Alex --> Tu vaux pas mieux que klak ;-)  Non, ravi que toi, la maniaque des pixies, cautionne cet article. Surtout que techniquement, je trouve que Doolittle est un album dont il est impossible de parler... enfin.
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A
Tiens klak c'est marrant pour les photos ! Une fois, j'ai fait un quizz où il y avait des photos de groupes à reconnaitre. J'ai reconnu tout le monde sauf les Pixies. Ca la fout mal sachant que c'est quand même un de mes groupes préférés.Sinon, Guic', fort belle chronique. Doolittle est mon préféré des Pixies, et comme tu le soulignes très bien, il incarne l'équilibre parfait entre les premières et les dernières productions du groupe. Allez, ça mérite bien un petit Dead pour la route. Un titre aussi bancal que fascinant !
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