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Songs for the Deaf

La moitié de l'ancienne playlist, liée au contenu de ce blog, ayant été engloutie dans les entrailles de Deezer, vous trouverez ici "seulement" quelques titres épars que j'aime, avec des variations aléatoires representatives de mon humeur.

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De toutes façons personne écoute jamais les playlists sur les blogs, alors...

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Here, There And Everywhere

18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 16:57

Après deux semaines à ce qu’on nous rappelle à quel point Nirvana fut un grand groupe et Nevermind un grand album… Je dois vous l’avouer, je n’en peux plus. Ca me plombe le moral totalement. Ce qui est normal, cela dit, on parle tout de même de Nirvana… Dont il faudrait, peut-être enfin, remettre en question les conséquences néfastes.

 

http://static.nme.com/images/05921_132628_Nirvana281.jpg

Chanteur sérieux cherche emploi comme sosie de Rivers Cuomo

 

Houlà, houlà, stop, je m’engage dans un chemin dangereux – Nirvana faisant partie de ces groupes qui ont changé des vies et modelé des destinées, je ne voudrais blesser personne (et cela, je le pense sincèrement) c’est pourquoi, afin de ne pas être accusé de crime de lèse-macchabée alors que j’ai tapé à peine cinq lignes, il me semble indispensable de préciser quelques points.

 

Parenthèse – Préambule :

 

  1. Cet article ne se veut en rien une critique négative de l’œuvre musicale de Nirvana. Pour ceux qu’un tel article intéresserait, je vous invite à aller lorgner là
  2. Cet article ne se veut en aucun être un manifeste de révisionnisme musicale visant à minimiser l’importance qu’a pu avoir le trio d’Aberdeen entre fin 1991 et début 1995.
  3. Cet article adopte l’hypothèse selon laquelle la mort de Kurt Cobain n’est aucunement au centre d’un complot d’Etat. (Comprendre par  là : de l’Etat de Washington)
  4. Cet article ne se veut en aucun cas une chronique au sujet de la réédition – remasterisation de l’album au centre de tous les débats ces derniers temps.

 

 

-          Rha, encore Nirvana… Commencent à faire chier avec la réédition de Nevermind.

 

-          Ben tu voudrais entendre parler de quoi à la place ? L’affaire Karachi ? Les primaires socialistes ? La défaite face aux Tonga ?1

 

-          Non, je sais pas… Les rééditions de Pink Floyd ? Non, même, plus osé encore : entendre parler d’un groupe qui était encore en activité il y a moins de 15 ans, tiens, voilà qui serait audacieux.

 

-          Mais merde, d’un autre côté, tu devrais te réjouir d’entendre du Nirvana à la radio, toi qui rale tout le temps que tu supportes pas ce qui passe…

 

-          Youpi, entendre Come as you are version unplugged pour la six millième fois de ma vie…

 

-          Mais merde, t’aimes bien Nirvana pourtant.

 

-          Leur musique, oui. C’est plutôt le mythe qui me gonfle.

 

-          Attends, ils le méritent le mythe… C’était un groupe super important, et puis voilà, quoi, Cobain, le « club des 27 », bon, ok, ils nous ont gonflé avec leur club ces derniers temps mais bon…

 

-          Surtout que Cobain, lui-même, déjà, a rien à y foutre.

 

-          De quoi ?

 

-          Ben oui. Le club des 27, ils sont 4 dedans, ils resteront pour toujours 4. Tu peux pas chercher des concepts symboliques et en faire n’importe quoi derrière,  bordel. Ils sont 4 (Jones, Hendrix, Joplin, Morrison), morts d’overdose ou assimilé, en l’espace de 2 ans exactement, marquant ainsi la fin du rêve hippie et délimitant par la même ses limites (et rappelant les limites du corps humain, aussi, un peu.) Tout le monde sait ça, tout le monde s’accorde là-dessus. Cobain, lui, tous 27 ans qu’il ait pu avoir lors de son décès, sa mort n’a jamais marqué que la fin de son groupe. Celle du Grunge, de façon toute symbolique (celle de l’engouement mondial pour le grunge, en fait), et surtout, et j’ai presque l’impression que tout le monde l’a oublié : il a choisi de mourir. Alors le concept de malédiction rock n’ roll dans de telles circonstances, très peu pour moi.

 

-          OK, bon, pas sur ce point « mythologique », mais tu peux pas nier que Nirvana ça a été un groupe super important dans l’histoire du rock.

 

-          Oui. Bien sur. Genre de dernier sursaut avant l’agonie tu vas me dire ?

 

-          Si tu veux…

 

-          Mais bizarrement, ce qui m’intrigue c’est que j’ai vachement l’impression que Nirvana, au contraire, c’est le début de l’agonie… Déjà, au niveau même du Grunge, ils ont un côté « arbre qui cache la forêt… » Je sais pas, J’ai un mal fou à retrouver un autre mouvement du rock où un groupe a à ce point vampirisé l’attention des gens.Certes, des groupes comme les Beatles, les Pistols, ont parfois été plus en avant que les autres, mais tu avais toujours un pendant direct, et quelques groupes derrière, pas forcément anecdotiques d’ailleurs, mais là, et en particulier en dehors des frontières ricaines, Pearl Jam, Alice in Chains ou Mudhoney… J’ai souvent l’impression que c’est rétroactivement qu’on les a redécouverts et estimés à leur juste valeur. Et pour moi, Nirvana brouille l’équation pour plusieurs raisons : ça a été le groupe le plus mis en avant, sans non plus être vraiment le plus représentatif, et avec, en plus de ça, un héritage discutable…Parce que si tu regardes en arrière, tu réalise que chaque mouvement  adirectement influencé celui qui a atteint son pic  dans les .. 5 ans qui suivent. Avec Nirvana, rien de cela (à moins que tu viennes me dire que l’héritage de Nirvana c’est… le néo-métal.), voire pire : 5 ans plus tard, le rock est cliniquement mort, et l’album de l’année de Rock & Folk est un album des Chemical Brothers.

 

-          Tu peux pas non plus les accuser d’un vieillissement qui était logique, et puis, il a bien retrouvé des couleurs derrière, le rock… même dans l’après direct : Oasis, Radiohead… Ouais, ils sont anglais, mais bon…

 

-          Ouais, mais tous ces groupes, et c’est une évidence concernant Oasis, mais aussi, plus tardivement, les Libertines, White Stripes ou Strokes on été fouiller dans un héritage beaucoup plus ancien, dans les 60’s / 70’s… Des fois, j’ai l’impression que Nirvana ça a été pour beaucoup de groupe le déclic qui leur a donné envie de faire de la musique, mais que c’est pas un groupe qui les a inspirés plus que ça… C’est logique cela dit, le Grunge était un tel cuumul d’influecnes des générations précédentes, que derrière, il est extrêment difficile de s’inspirer sans tomber dans le pastiche, qu’on appellera Nickelback. Alors ils ont tous été plus ou moins obligés de diluer le bouillon, et de repartir de plus haut, en se focalisant sur un truc parmi la foultitude d’influences. Enfin bon, je sais pas trop, je me paume un peu dans mon propre raisonnement pour tout dire…

 

-          Mais donc, au final, tu leur reproches quoi ?

 

-          Je leur reproche un truc un peu con… Et assez égoïste. Je leur reproche d’avoir faussé la notion de « Rock, musique de l’adolescence ». Comprends-moi : je suis fan d’Oasis, des Libertines, des Smashing Pumpkins. Quand tu te retrouves dans une sorte de joute orale avec des fans de Rock, il est assez fréquent, en particulier au sujet des groupes pré-cités que tu te prennes dans la gueule un « ouais, t’aimes bien parce que ça te rappelle ton adolescence ». Ce qui est, finalement, l’argument le plus con de l’histoire. Surtout venant de gens qui vont te parler de vieux rock (Elvis, Sex Pistols, peu importe) comme portant en soi « les frustrations / la rage / la vigueur de l’adolescence » Comme si au final, le fait d’avoir eu l’âge idéal pour être touché par telle ou telle musique quand je l’ai découverte me dédouanait d’avoir à trouver des raisons objectives à leur qualité, certes, mais aussi me privait de tout sens commun, et m’interdisait par conséquent d’avoir une appréciation esthétique du truc

 .

-          Ouais, mais… Qu’est-ce que Nirvana a à foutre dans cette histoire ?

 

 

 

http://vultureculture.fr/blog/wp-content/uploads/2011/03/nirvana-20051116-847921.jpg

Et puis... snif... je vais fuguer.. snif... et quand je serai morts, vous serez bien contents!!

 


 

-          Ben… je pense que Nirvana a joué un rôle énorme dans la définition de l’adolescence Rock n’ Roll… pour ceux qui étaient ados à l’époque, ou qui ne l’étaient déjà plus, mais qui ont aimé ce groupe au moment ou il existait encore. Le Rock n’Roll en quelque sorte, c’est la musique des rêves. C’est pour cela que c’est un truc très américain (le Rock n’ Roll – les anglais sont plus de fabuleux popeux), avec ce côté « quand on veut, on peut », un peu couillu,  tout ça, tu vois. S’il a cristallisé tous les espoirs d’une jeunesse en révolte contre ses parents, c’est que le Rock n’ Roll célébrait le fait de se taper des gonzesses et de conduire de belles bagnoles, pas parce qu’il te parlait de conflit de génération et du drame qu’était la guerre de Corée – m’emmerde pas sur la chronologie, c’est un exemple. L’adolescence c’est le moment des grands élans charismatiques, le moment ou tu te passionnes pour de grandes choses, idées, livres, philo, c’est le moment ou tu vois le monde comme un tout dont tu fais partie, pas encore comme le truc qui t’entoure et te fais chier, et ce, alors que tu dépends à près de 200 % de tes parents. Tu as envie de faire la révolution, mais à 20 h tu es rentré à la maison parce que c’est l’heure du diner. Voilà, en gros, le grand paradoxe de l’adolescence. Alors quand le Rock n’ Roll arrive et te parle de liberté, de grands espaces et de filles faciles, tu signes des deux mains, même si en fait tu vas écouter ça enfermé dans ta chambre parce que t’as pas eu le droit d’aller au concert. C’est ça la beauté du Rock n’ Roll : dans cette période où tu n’es pas encore résigné à la vie que tu vas te trainer derrière, dans cet instant où tu t’imagines que les choses changeront en mieux, c’est le catalyseur de tes rêves, c’est tout simplement ton dealer d’espoir. Evidement, c’est un rideau de fumée, la vie n’est jamais aussi géniale que celle que te vendent les rockstars – même pour les rockstars. Mais voilà, le Rock, c’est l’espoir de sortir un jour de ta chambre pour voir autre chose. Nirvana, c’est l’art de chanter à quel point on se fait chier dans sa chambre… et c’est tout.

 

-          Ouais mais bon, les punks aussi ils chantaient plus ou moins sur ce sujet là… Comment c’est chiant de vivre dans une banlieue pourrie en période de chômage…

 

-          Sauf que l’espoir était encore vif : « I don’t know what I want, but I know how to get it ». Et puis, il y a une rage, une volonté que ça change.  Chez les Smiths, c’est un peu pareil, mais il reste une sorte de volonté de lutter contre, via le sarcasme. Chez Nirvana, non, juste l’état de fait, sans espoir, ni rien. Tout le monde se réjouit que l’arrivée de Nirvana ait mis fin à une hégémonie du Hard FM sur le Rock à la fin des années 80 (et encore… en dehors des US, pas sur que ça avait tellement de succès par rapport à U2 par exemple)… Mais au moins, ça, c’était ce genre de vrai Rock n’ roll, un truc totalement fantasmatique qui te parle de belles bagnoles, de gonzesses, de seaux de coke, le rock n’ roll 50’s avec l’overdrive poussé à 11. Et le public de se taper des grosses doses de Bovarysme Rock n’ Roll. Et d’un coup, le nouveau Rock n’  Roll, c’est un mec qui te ressemble (et s’il ne te ressemble pas, c’est toi qui va bientôt chercher à lui ressembler), qui te raconte à quel point sa vie daube comme la tienne, à quel point il la déteste et comment elle lui parait sans issue. D’ailleurs, s’il y a un point que je veux reconnaître comme réussi  c’est bien le nom du groupe. Nirvana. Tout le monde y voit le côté « paradisiaque » indien, le côté orgasme cosmique, alors que techniquement (enfin, théologiquement), le Nirvana c’est ce que tu atteins quand tu as abandonné tous tes désuirs. Nir-vana, ça veut dire « non – désir ». Et Nirvana c’est ça : tout est à chier, et je ne veux rien, je ne veux même pas imaginer qu’il puisse y avoir mieux. La résignation dans toute sa splendeur. C’est quand même atrocement triste, merde. Alors pourquoi pas, mais qu’on ne vienne pas me dire que c’est le Rock ça. Centrer l’intégralité de son œuvre sur ses névroses et les exposer au grand public pour en faire de la musique, c’est un truc de progueux ça. Et encore, ça resterait comme ça un cas isolé… Mais non, ça a eu des conséquences inattendues : je sais pas pourquoi, malgré 40 ans d’histoire derrière, les gens se sont mis à croire que c’était ça  1. Le Rock, 2. L’adolescence, 3. La sincérité. D’ailleurs, ça, pour moi, c’est le top de la crétinerie dans cette histoire… Mais depuis quand on réclame aux artistes d’être sincères ? Talentueux, innovateurs, doués, intéressants, oui, mais sincères ? Qu’est-ce qu’on s’en fout ? Bowie il était sincère quand il se déguisait en Ziggy Stardust ? Est-ce que c’était important ? Non, et non. La sincérité, c’est un truc qu’on invoque pour justifier le fait d’aimer un artiste dépourvu de talent, pas une norme objective qu’on exhibe pour démontrer que machin est doué. Même moi je peux être sincère, pourtant, je suis un piètre chanteur. Bref. Tu vois.

 

-          En fait… Non. Je comprends qu’il y a un truc qui te défrise, mais tu t’exprimes comme une merde.

 

-          Bon, autant résumer : Ce que je reproche à Nirvana, c’est qu’après eux, il a été considéré comme étant la norme que le Rock n’ Roll c’est l’endroit où doivent s’exprimer les gens qui souffrent, que la seule façon d’être pris au sérieux par les amateurs du genre, c’est de geindre sur des arpèges de guitare et de s’y complaire. Et c’est même pas vraiment la faute au mouvement Grunge, parce que chez Pearl Jam par exemple, tu trouves quand même cet élément  épique et cette volonté d’aller de l’avant  totalement absente, au final, de la pop des années 90. Alors que pour moi, je sais pas, le goût du fun, et même la volonté de réussir et de faire carrière ne sont pas rédhibitoire. Le premier Oasis, avec son « Rock n’ Roll star », c’est arrogant, fouteur de merde, teigneux, et tout le monde accuse les Gallagher d’être des poseurs, mais non, putain, ça c’est de la sincérité. « On sort un disque, parce qu’on veut bouffer le monde et devenir des putains de rockstars »: There's no easy way out... mais je vais le trouver ce putain de chemin.  J’ai jamais compris le côté « je signe sur une major mais je supporte pas le succès » de Cobain. Ca, ça me dépasse. Bref, ça me saoule que depuis 1990 le rock se doive d’être, pour gagner ses galons auprès des critiques autoproclamés, un truc déprimant, un concours d’exhibition de traumatismes, qu’on adule les « albums de la maturité », qu’on ne pardonne pas l’arrogance pour préférer encenser des autistes et des névrosés. J’en ai marre qu’on me dise qu’un disque est beau parce qu’il est déprimant – je sais, ça m’arrive de le faire, mais bon-  ténébreux ou quoi ou qu’est-ce. Au final, je me dis que tous les Oasis, Libertines, Miles Kane, Arctic Monkeys, ils peuvent bien se planter parfois, eux, au moins, ils ont tenté, à un moment, de faire revivre la flamme du rock n’ roll. Et rien que pour cela, même leurs mauvais disques me font plaisir. Tu vois ce que je veux dire ?


-          Yeah, yeah.

 

 

 


 

 

 

 

1 Oui, la rédaction de cet article a commencé il y a trois semaines.

 

PS: Il est autre chose à mettre au crédit de Nirvana (et que je n'ai pas pris le temps de présenter dans l'article, désolé): le fait d'avoir intitulé une de leurs chansons "Lithium". Le Lithium est un élément (symbole: Li) qui dans mon esprit correspond parfaitement à l'état d'esprit adolescent: c'est un métal, maléable, qui devient rigide lorsqu'il se corrode, et qui s'enflamme au contacte de l'eau et peut attaquer le verre. Seul problème: Nirvana n'a appelé sa chanson comme ça que parce que le lithium est aussi un antidépresseur.

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commentaires

G
<br /> Joris: Pour être honnête, le moment où justement tu sais pas trop où je veux en venir, c'estexactement le moment où j'ai le plus bloqué dans la rédaction de cet article, et d'où je suis reparti en<br /> me disant qu'on allait changer de direction parce que là c'est le bordel. Logique donc que ça paraisse un peu décousu dans ce coin. Quant aux légendes, je dois l'avouer, c'est la première fois<br /> depuis longtemps que je suis content de moi sur ce point là... Xavier: D'accord avec toi sur le fait que, tout de même, l'efficacité de Nirvana est indiscutable. Quant à la sincérité, le terme<br /> juste selon moi, ce serait plutôt "l'honneteté" de l'artiste vis à vis de son oeuvre en fait.. Le fait que le mec chante pas des trucs déprimants alors que sa vie déchire (cf. Muse ou Coldplay, par<br /> ex.) Ska: Merci! Et aucun problème je suis parfaitement d'accord avec toi. Encore une fois, je ne nie pas la qualité de la musique de Nirvana. Je relativise le symbole, c'est tout. Matador: Eh ben<br /> pour une fois... les Killer sdisent pas que des conneries.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Cet article me rappelle une déclaration des Killers, comme quoi Nirvana aurait tué le coté fun du rock. Le nom des Killers, bien sûr, embarrasse un peu le rockeur, mais cette déclaration frontale<br /> illustrait bien l'envie de renouer avec l'entertainment et, plus généralement, avec un esprit positif, qui se situe grosso modo de 2001 à 2009. Le mot d'ordre, pendant tout ce temps, a été: plus<br /> de Nirvana! plus de Radiohead! Comprendre: plus de déprime. Il a fallu radier quelque chose d'envahissant qui tournait en rond (la plainte) et le remplacer par autre chose, sur quoi tous les<br /> groupes ne s'accordaient pas forcément mais qui, globalement, était influé par une énergie positive. Même Mark Everett, il y a quelques années, a concédé que la musique indé n'était pas assez<br /> sexy et qu'il fallait lui insuffler désir et jouissance.<br /> <br /> <br /> L'histoire du rock, comme d'autre chose, est une suite de réactions émotionnelles. A un moment il y a trop de ça et pas assez de ceci, puis c'est le contraire... La fidélité à une ligne de<br /> conduite est compromise, on change d'avis, avant de se contredire à nouveau, parce qu'on a besoin d'autre chose. Ce qui apparaissait quelques années plus tôt comme l'expression authentique<br /> (plutôt que sincère) du désespoir s'est trouvé subitement taxé d'auto-apitoiement. Ce mépris, logiquement entrainé par l'apparition d'une chose nouvelle, exaltante (Libertines, Strokes, White<br /> Stripes...), a détourné l'attention du public de ce qui, auparavant, prévalait. Nirvana n'avait plus voix au chapitre. Une sorte d'impatience a conjointement frappé les groupes mélancoliques.<br /> Mais les temps changent encore... Et puis, la définition du rock ne stagne pas, elle s'enrichit (je sais, ça fait cliché de dire ça). Il ne pouvait pas éternellement rester coincé dans l'esprit<br /> des 50'. Nirvana a prouvé que le rock n'est pas où on le croit, que ce n'est pas tant un état d'esprit codifié qu'un terrain d'expression pour les jeunes, par où s'expriment des états d'âme,<br /> volontaires ou défaitistes, une grande page blanche sur laquelle on écrit ce qu'on veut.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Tu n'écris plus très souvent, mais quand tu t'y mets... Whaow !<br /> <br /> <br /> J'adore Nirvana et en fait je suis d'accord. Sans doute, surtout, parce que, bizarrement, c'est la musique et la force de frappe du groupe qui m'ont toujours beaucoup plus intéressé que les<br /> paroles de Cobain (et son Journal, c'est d'un pénible à lire...).<br /> <br /> <br /> En cela, j'ai sans doute "mal écouté" Nirvana, mais je m'en fous.<br /> <br /> <br /> Et c'est peut-être aussi pour ça que Last Days m'ennuie alors que j'aime beaucoup Gus Van Sant la plupart du temps.<br /> <br /> <br /> <br />
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X
<br /> <br /> ca fait plaisir de te lire, meme si j'ai eu un peu de mal à suivre... au final je sais pas trop si je suis d'accord ou pas avec toi, mais qu'importe....<br /> <br /> <br /> je n'ai écouté Nirvana que tardivement, et bien après mon adolescence. En fait à l'époque de Nevermind, le coté dépressif de l'album me faisait chier, je préférais bien plus la "flamboyance" des<br /> Guns ou autres Motley Crue que tu évoques dans l'article (oui je lis entre les lignes ;). Mais je n'ai nullement eu besoin de Nirvana pour que ca me gonfle rapidement, et pour en venir à une<br /> musique plus triste, déchirée, intimiste (comme tu le sais la musique "joyeuse" m'emmerde en général). Je pense que pour moi le déclencheur a plutot été "Creep" de Radiohead, enfin c'est loin je<br /> ne me rappelle plus avec précision.<br /> <br /> <br /> Si je suis revenu à Nirvana il y a quelques années, c'est plus par leur siplicité d'écriture, leur efficacité. C'est une qualité qu'on trouve de plus en plus rarement dans les albums<br /> d'aujourd'hui, et que je recherche avidement (contrairement à mes débuts de passionné de musique, où je prenais mon pied sur les longs solos de guitare de Slash).<br /> <br /> <br /> Là où tu m'as fait réflécir, c'est sur la sincérité. C'est pour moi une qualité primordiale, y compris pour les "groupes de rock de jeunes qui n'en veulent", car comme tu t'auto contredis dans<br /> ton article, cela aussi c'est de la sincérité. Mais tu as raison lorsque tu cites Ziggy Stardust (ajoutons y Alice Cooper et tant d'autres du "rock sectacle"), on ne peut pas appeler ca de la<br /> sincérité, et pourtant c'est bien! Peut etre faut il remplacer sincérité par engagement, des artistes qui sont à fond dans leur truc sur scène, sans trop réfléchir, sans etre dans le calcul. Ce<br /> que j'appelle sincérité, finalement....<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Ouais moi aussi j'adore Mr X... Nan mais j'disais ça parce que dans Platon l'interlocuteur il relance pas du tout, c'est Socrate qui balance un monologue rouleau-compresseur, et je pense que<br /> Platon a mis un interlocuteur par pression de sa maison d'édition, parce que sinon niveau mise en page c'était hardcore. Cependant, j'suis tout à fait d'accord, c'est super pratique d'exposer un<br /> argumentaire sous la forme d'un dialogue, ça permet beaucoup de liberté d'expression.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et je sais pas si tu vas te faire jeter des pierres, parce que ce tu dis est vraiment sensé. Surtout vers la fin (oui parce que y'a un moment où j'ai plus de mal à piger où tu veux en venir,<br /> comme la transition autour de "mais qu'est ce que Nirvana vient foutre dans cette histoire"). Le mythe Nirvana me gave tellement que j'en suis régulièrement à dire que je trouve le groupe<br /> surestimé, que c'est un truc pour ados dépressifs... alors qu'au fond j'aime bien (même si j'ai un faible plus prononcé pour In Utero, j'peux pas accepter au fond de moi de clamer "Eh les mecs,<br /> j'adore Nevermind, et vous ?") Et je pense que tu mets bien le doigt sur le problème. On a assez peu de groupe de rock "pré-Nirvana" au final en fait.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> (les légendes sont très drôles sinon)<br /> <br /> <br /> <br />
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