1999, année... XIXéme siècle.
Bon, il n’est pas fréquent que j’écrive mes articles comme ca, sous le coup, non pas forcément de la colère, mais d’un évènement soudain. Bon, certes, je ne peux m’en prendre qu’à moi, je voulais créer une polémique, je l’ai eue… seul problème ce n’est pas celle que je cherchais. Je cite :
« Hmmm... Muse, laissons cela au moins de 20 ans... et préférons leur Queen car au moins, eux, ils avaient beaucoup d'humour »
« Muse, Queen, même combat. Ca sert à rien d'en parler non ? Y a déjà RTL2, Europe 2 et Rire & Chansons qui en passent toute la journée... »
Mon Dieu … Oui, alors une première chose que je voudrais régler, quand j’étais jeune, oui, j’écoutais Rire & Chansons, et leur programmation était tout a fait respectable : Beatles, Stones, Blondie… de quoi s’offrir un début de formation rock fort sympathique.
Mais revenons-en à ceux que je me sens obligé de défendre maintenant : Muse. Oui Muse est un groupe que j’ai renié aujourd’hui, mais je n’ai jamais renié Showbiz. Cet album est grand, ou tout du moins le fut, pour moi, à … 15 ans. Ouais je sais encore un album de 15 ans oui.
Enfin bref, j’ai découvert Muse en même temps que Radiohead, au moment de la sortie de leur premier album, Showbiz, et, JE SUIS DESOLE, cet album est extrêmement réussi, 1) pour un premier album, 2) pour un groupe de rock anglais en l’an 2000, 3) pour m’avoir convaincu dès la première écoute.
Multi instrumentiste talentueux, Matthew Bellamy mène le groupe ou il l’entend, et la production de John Leckie (The Bends quand même !!) ajoute de la classe à ce grand œuvre. Sans vouloir rentrer dans les détails, ce sont les micros à condensateurs de John, ramenés d’Allemagne dans les années soixante, qui donnent cette texture à la voix sur Muscle Museum (en passant, le titre vient du fait que ces 2 mots sont ceux qui encadrent « Muse » dans le dictionnaire anglais. The Red Girl ou The Little Bob, je n’ai pas la source) … Comme quoi
Bref, rappelons qu’un disque, c’est pas seulement (comme beaucoup le croit, je le crains, sauf bien sur parmi les gens qui passent ici, evidement...), des chansons par un groupe. C’est aussi un producteur, un label, qui malgré tout ont leur importance. Et là, c’est fatal, Muse a récupéré un ancien producteur de Radiohead, la comparaison est tombée direct. (Nota : c’est pas parce que Charlotte Gainsbourg a enregistré avec Nigel Godrich que son album vaut du Radiohead, comme quoi ca ne fait pas tout…)
Enfin bref. Si Muse s’enfonce à l’heure actuelle dans un symphonico-pompeux grandiloquent digne des pires… Couine, il ne faut pas oublier cet album.
Tout d’abord, c’est un signe d’espoir : qu’un groupe, dans une époque pas foncièrement Rock, sorte un album d’une telle facture, avant ses 20 ans, et seulement après 2 démos, c’est vraiment un symbole d’espoir.
Et bien évidement c’est un très bel album. Les comparaisons et influences peuvent être nombreuses, voix torturée à la Jeff Buckley, ambiances glauques à la Radiohead, envolées guitaristiques qui essayent de ressembler à du RATM (référence ultime du groupe..).
Jeunes, doués, plein d'opportunités qui miroitent sous nos yeux... le bonheur quoi.
Les morceaux se suivent, ne se ressemblent pas forcément, mais sont vraiment réussis. La lente montée en puissance du titre Showbiz avec simplement 8 vers pour tout le titre… avant une explosion finale magnifique. Unintended, ballade désabusée, acoustique, très classe et émouvante, qui sent le vrai, le vécu !! Bien sur les titres les plus connus, Muscle Museum ou Sunburn sont très réussis, piano guitare, voix, une trilogie majeure chez Muse qui fait mouche à chaque coup sur cet album. Et mon petit préféré, Escape… Un coté Pixies / Lithium de Nirvana dans la structure pour raconter cette histoire de « schizophrénie sentimentale » de la rupture imminente (ca veut rien dire mais les paroles parleront mieux que moi…). Et aussi, Hate this & I’ll love you… Le premier morceau semi-symphonique du groupe, un chef d’œuvre. Une guitare acoustique, le bruit de la pluie, des cigales… au service d’un déchirement intérieur, pour clore en apothéose cet album.
Bref cet album, il faut le garder en tête… Pour l’espoir, bien entendu, que les jeunes fassent des chef d’œuvre, et que Muse revienne à ce genre de choses simples, vraies, émouvantes.
Et aussi pour cette pièce peu fréquente, un groupe de rock anglais qui sort un album qu’on sent (à tort ou à raison) nourri d’un romantisme à la française, un cote « introduction à la souffrance personnelle via les poètes français du XIXème siècle »… Cet album, je l’ai découvert à l’époque ou on lit Rimbaud et Baudelaire… il fut pour eux un splendide écrin.
La France a eu ses poètes, les anglais ont leurs rockers… un seul point commun : la Muse.