Jim Morrison… Ah. Jim. Ce nom évoque tant de choses. Quiconque s’est un peu intéressé au rock, surtout au « vieux rock » (avant 1975 dans ma vision) aura été passionné par le personnage. Quelle meilleure incarnation du triptyque « Sex, Drugs & Rock n’ Roll » ?
Morrison, sex symbol, compositeur, parolier, chanteur pour les Doors. La provocation faite homme, et qui aurait enfilé un pantalon de cuir. LE Lizard King.
Les choses auront commencé pour moi à 17 ans, quand on m’a offert un best of des Doors. On avait pas mal entendu parler de lui à ce moment là : il était mort il y a 30 ans. J’avais vu sa tombe pour la première fois sans vraiment savoir qui c’était. Depuis, cette tombe… J’ai du m’y rendre plus souvent que sur celle de certains membres de ma famille. J’ai une excuse, qui est celle de la distance, quand même. Ce personnage m’a littéralement passionné. J’ai du lire au moins 3 ou 4 biographies, toutes moins renseignées les unes que les autres, mais bon, j’étais pas aussi exigeant que je peux l’être maintenant. Et d’ailleurs, quand j’y pense, je me dis que c’est peut être un reportage sur la Cinq vu à l’époque qui a déclenché en moi cette passion. Un instant précis, en fait : Une télé américaine ou le groupe jouait « Moonlight Drive », titre qui reste certainement mon préféré. Sachant cela, parlons du personnage. Je vais essayer de vous en parler uniquement avec ce que je me souviens de sa vie, vous verrez ainsi l’importance que peut avoir Wikipedia dans la rédaction des articles de la Mort en Rock. Ca ne rendra que le pied de page de ce blog plus vrai que jamais.
Jim Morrison est né en 1948 en Floride. Son père était dans l’armée. Dans les années 60, il décide d’entrer à la faculté de cinéma de San Fransisco (ou c’était UCLA, à L.A. comme disent les jeunes.. ?). Enfin bon, il est passionné par les poètes romantiques français du XIX eme siècle comme les Rimbaud Verlaine et tout ça. Il s’intéresse aussi beaucoup au mouvement dadaïste. Ceci constituera ses références principales d’un point de vue artistique. Vous en déduirez bien vite que ses films, personne n’y capte rien (peut même que lui non plus ne les comprenez même pas d’ailleurs…). Enfin bref, ses études d’aspirant cinéaste sont un échec. Mais il rencontre Ray Mankzarek, futur clavier des Doors, qui cherche un membre pour son groupe de rock. Une nuit changera le cours de leurs vies à tous : sur une plage californienne, tous sous LSD et variantes, réunis, ils écoutent Morrison déclamer un poème commençant ainsi : Let’s swim to the moon, let’s climb to the tide, penetrate the evening where the city slips to hide... Ce soir là, les Doors seront en fait créés, tenant leur nom du livre sur les drogues indiennes de Aldous Huxley, The Doors of perception. Qui lui-même tient son titre d’un poème de, je crois, William Blake.

Meuh non, j'suis pas bourré j'te dis!!
Les Doors sont signés sur Elektra, et sortent en 1967 leur premier album, album sans titre, on va pas dire éponyme, ça va énerver Arbobo…) Porté par Break on Through et Light my fire (qui a été, rappelons le, composée par Robbie Krieger, oui, on l’accuse toujours d’avoir commis The Soft Parade, ce qui est vrai, mais quand même reconnaissons lui ce mérite sur un titre phare du groupe), l’album cartonne, c’est sur. Au milieu du mouvement psychédélique, les Doors, avec leur côté sombre, défoncé, pas trop trop fun, font figure d’opposant. Ce ne sont pas de vulgaires défoncés prônant l’amour et la paix. Ce sont de sales défoncés qui veulent briser les règles et faire ressortir le côté sombre de l’humain. Et leur Frontman, en plus, est beau gosse, charismatique, et hypnotise les foules. En plus il porte un pantalon de cuir, ce qui fait toujours son petit effet.
Je ne vous ferait pas le détail des albums suivants, sinon pour dire que Strange Days, sorti peu après, est très bon, puis que ça commence à chuter petit a petit , pour sombrer jusqu’à The Soft parade, dont, oui, Krieger est coupable (beuh, ces cuivres, ce symphonisme pompier raté… Comme me l’a dit un jour un pote éminemment cultivé, « Krieger, il serait né 10 ans plus tard, on le retrouvait dans Queen ». Tout est dit.) Puis ça remonte petit à petit au fur et à mesure que le groupe en revient à ses racines blues et que Morrison laisse pousser sa barbe (et son bide) : Morrison Hotel, puis LA Woman.
Du point de vue personnel, Morisson devient de plus en plus défoncé, et alcoolique, passant plus de temps dans les bistros que sur scène ou en studio. Quand il est pas au poste ou au tribunal. Ce qui lui laisse peu de temps. Le côté sex symbol se pert, au profit d’un profil d’ermite tombé en disgrace, de prophète renié. Sa relation plus qu’agitée avec Pamela Courson, ex model et régulière de l’ami Jim, qui en bon Lizard King a tendance à laisser traîner certain de ses attributs un peu n’importe où, n’améliore pas son état ou sa passion pour les troquets. En plus, il a eu le bonheur de faire publier certaines de ses poésies, qui, malheur, ont fait un four (non, je ferais pas un jeu de mots pourri sur « bide »).
Bref, lassé, il décide de partir. Pour une ville qu’il aime, une ville ou il peut passer incognito, flâner chez les bouquinistes, et cette ville s’appelle Paris. Il s’installe au 17, rue Beautreillis, 3 eme gauche. (Ami fan des Doors en quête de pèlerinage, voilà pour toi plus original que le père Lachaise ! Tu pars de Bastille, tu remontes la rue du Faubourg Saint Antoine, c’est la seconde ou la troisième sur ta gauche. Tu avances jusqu’au 17, qui sera sur ta droite, en face d’un restaurant népalais. Le troisième gauche c’est là où il y a des jardinières blanches avec des géranium roses dedans. En plus, les photos avec flash sont acceptées !! Rock n Roll !!)
Il s’installe avec Pam. Lui aime l’alcool, elle, elle aime l’héroïne. Bon ben vous avez compris, tout ce qui est nécessaire pour nouer un drame est là… Jim va tenter l’héro alors qu’il est pas habitué, et mourra dans sa baignoire (quel comble, mourir comme Marat alors qu’on habite à Bastille), le 3 Juillet 1971, concluant la série des 3J. (Note à l’attention des non initiés : Non, c’est pas les promos de la Samaritaine, c’est Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison)
Il sera enterré au Père Lachaise, ou il ai
mait traîner de temps en temps pour écrire à l’ombre des arbres centenaires, devant une foule de 5 personnes. Pam, 2 membres des Doors, Alain Resnais et sa femme. Rejoignant ainsi Oscar Wilde, Guillaume Apollinaire et bientôt rejoint par Yves Montand.
Voilà pour la vie de James Douglas Morrison. Je laisse le soin à G.T., le fan inconditionnel, et à Chtif, le destructeur de mythes forcené de signaler toutes les erreurs, omissions et contresens que j’aurais pu faire. Ou pour me féliciter de la façon la plus dithyrambique qui soit. Libre à vous.
MAIS :
La vraie question n’est pas que Morrison ait été un génie incompris, poète et rocker dans l’âme ou un sale drogué montrant sa b*** en concert qui n’aurait jamais du sortir du caniveau ou ses parents l’avaient finalement jeté, et qui en plus se prenait pour un poète.
Le seul truc, c’est qu’un mec qui a aidé tant de jeunes gars à traverser l’adolescence, qui les a entraîné dans une tentative rapidement avortée de se faire pousser les cheveux (avant de se rendre compte que c’est moche et chiant à coiffer, et qu’en plus on a pas les mêmes jolies frisettes), qui leur a enseigné au moins une définition du mot Rock n Roll utilisé comme adjectif, ne peut être que quelqu’un qui a été vraiment important, au final.
Merci Jim. Je passe te voir dès que possible.